La vaginoplastie

Mise à jour : Mai 2017

Avertissement : les techniques chirurgicales évoluent en permanence et les chirurgiens compétents se forment continuellement grâce aux recherches et à leur pratique. Les informations que je propose ici sont celles dont je dispose, cela signifie qu’elles ne sont pas exhaustives et qu’elles sont susceptibles de devoir être mises à jour régulièrement.

1. Généralités sur la vaginoplastie

Il existe, à ma connaissance, trois techniques différentes pour réaliser une vaginoplastie. La technique d’inversion péno-scrotale est la plus connue et pratiquée en Europe et en Amérique du Nord, la technique de la non inversion est connue et pratiquée par les chirurgiens asiatiques, notamment thaïlandais, et la technique sigmoïde est peu pratiquée quel que ce soit le pays et utilisée s’il n’y a pas d’autres possibilités. La vulvoplastie étant une technique utilisée pour former une vulve fonctionnelle mais sans ouverture vaginale.
Si ces trois techniques permettent d’obtenir une vulve fonctionnelle (avec un clitoris et un urètre) ainsi qu’un vagin plus ou moins profond, elles ne donnent pas nécessairement les mêmes résultats que ce soit pour l’apparence, la lubrification, la profondeur vaginale ou les sensations. Cela dit, outre la technique et le chirurgien, il existe de grandes différences inter-individuelles concernant les résultats obtenus.

Quelle que soit la technique, le néo-vagin se situera entre le rectum et la vessie, les glandes séminales et de Cowper/bulbo-urétrales ainsi que la prostate sont conservées pour l’auto-lubrification para-urétrale et le plaisir sexuel (la prostate se situant du côté de la paroi interne du néo-vagin, elle fait office de point G). Il est toujours nécessaire de faire des dilatations pour maintenir la profondeur vaginale obtenue (quotidiennes au début, celles-ci peuvent s’espacer après plusieurs mois jusqu’à une par semaine).
La technique sigmoïde diffère des deux autres sur la construction vaginale qui ne se fait pas avec l’appareil génital de base mais avec une partie du côlon sigmoïde, ce qui permet d’avoir une lubrification vaginale assez efficace (parfois trop) qui ne dépend pas de l’excitation sexuelle.


Un schéma reproduisant l’appareil génital après une vaginoplastie typique (pour voir l’image en plus grand, faites un clic droit sur l’image, « Ouvrir l’image dans un nouvel onglet »).

2. La lubrification

Avec la technique d’inversion péno-scrotale et de non inversion, le néo-vagin ne se lubrifie pas comme un vagin de naissance qui s’auto-lubrifie avec la cyprine (issue des glandes de Bartholin/vestibulaires). Dans la grande majorité des vaginoplasties, les glandes séminales et de Cowper (ou bulbo-urétrales) ainsi que la prostate sont conservées. Celles-ci sont à l’origine du liquide séminal qui peut lubrifier le pénis (liquide pré-éjaculatoire) avant l’orgasme (où les spermatozoïdes baignent dans le liquide séminal) et donc participer à la lubrification lors d’une relation sexuelle avec pénétration.
Après une vaginoplastie, ces glandes et la prostate peuvent lubrifier la vulve de manière para-urétrale, le liquide pouvant être produit lors d’une stimulation sexuelle coulant par l’urètre et tombant dans le vestibule vaginal. Le problème principal étant que la quantité de liquide séminal varie énormément d’une personne à l’autre, par conséquent la lubrification para-urétrale est bien souvent insuffisante pour permettre une relation sexuelle avec pénétration (peu importe ce qui pénètre) et nécessite souvent l’ajout d’un lubrifiant externe. Tout comme la stimulation par masturbation, la lubrification permet de ne pas avoir une vulve trop sèche, ce qui permet de diminuer les risques d’irritation.

Certaines personnes ont une lubrfication para-urétrale satisfaisante et d’autres non, le meilleur indicateur pré-opératoire de cela est la quantité de liquide séminal produit pré-éjaculation et au moment de l’éjaculation. Si vous avez une grande production de liquide pré-ajaculatoire et de sperme, cela vous donne une plus grande possibilité d’avoir une auto-lubrification satisfaisante. Mais gardez en tête que les personnes ayant bénéficié d’une vaginoplastie ont très souvent besoin d’utiliser du lubrifiant lors de leurs relations sexuelles même si elles ont une bonne lubrification para-urétrale. Il est important de souligner que nombre de personnes avec un vagin de naissance ont besoin d’utiliser également du lubrifiant assez fréquemment pour faciliter leurs relations sexuelles.
Pour les personnes ayant bénéficé d’une vaginoplastie avec la technique sigmoïde, la lubrification vaginale est toujours effective, qu’il y ait une stimulation sexuelle ou non de part la nature du tissu constituant le néo-vagin. L’avantage étant une lubrification plutôt efficace mais les désavatanges étant des pertes parfois abondantes et une odeur parfois désagréable.

3. Les dilatations

Préambule : les dilatations que je décris ici sont celles qui sont utilisées pour des opérations faites en Thaïlande, je ne peux certifier que les vaginoplasties faites avec des techniques alternatives demandent des dilatations telles qu’elles sont décrites ici.

Quelle que soit la technique de vaginoplastie utilisée, il est nécessaire de pratiquer des vagino-dilatations pour maintenir la profondeur vaginale obtenue et élargir peu à peu celui-ci. Sauf en ce qui concerne la technique utilisée à Paris (France) par le Dr Revol qui ne nécessiterait que des dilatations sur quelques mois (il faut souligner que ce chirurgien est connu comme ayant raté nombre de vaginoplasties, sa technique n’est pas du tout au point même si elle ne nécessite pas de dilatation à vie). Concernant la profondeur vaginale, il s’agit de la profondeur d’origine obtenue lors de la vaginoplastie, elle est très variable et dépend de la technique utilisée et de la peau disponible à la base. Si la dilatation n’est pas réalisée suffisamment régulièrement jusqu’au bout du néo-vagin, celui-ci se ressert à partir de son extrémité et se referme car ce n’est pas une cavité naturelle donc le corps va chercher à la refermer.
L’autre utilité des dilatations est donc d’élargir le néo-vagin qui a un diamètre assez serré (environ 20 mm) après la vaginoplastie, ce qui est à peine assez pour y passer un doigt. Après l’opération, le chirurgien est sensé remettre à la personne un set de dilatateurs qui sont assez différents d’un chirurgien à l’autre. Ils sont dans une matière dure et de ne présentant pas de risques (plastique, plexiglas…) pour la pénétration vaginale. Les dilatateurs vont d’environ 20 mm de diamètre jusqu’à plus de 30 mm et s’utilisent de manière progressive pour élargir le néo-vagin. Si vous avez bénéficié d’une vaginoplastie mais que vous n’avez pas eu de set de dilatateurs ou que vous l’avez égaré, vous pouvez en racheter sur plusieurs sites web proposant du matériel chirurgical comme celui-ci.

Voici comment se passent les dilatations avec un set de 4 dilatateurs : les premières semaines, on utilise le 1er puis on passe doucement au 2ème en continuant à utiliser le 1er au début de chaque dilatation pour ouvrir le vagin, puis le 3ème en utilisant toujours le 1er et le 2ème… jusqu’au 4ème en utilisant toujours les trois premiers. Chaque dilatation dure environ une heure et se fait deux à trois fois par jour les premiers mois. Après neuf mois à un an, selon la manière dont réagit le néo-vagin, on peut espacer les dilatations à une par jour ou une tous les deux jours. Et après deux ans, une dilatation par semaine suffit pour garder la profondeur et la largeur du néo-vagin. Mais il faut continuer cela à vie si on souhaite garder son néo-vagin.
Si l’on respecte une montée progressive en taille de dilatateur, c’est pour respecter le temps de cicatrisation qui est typiquement obtenu après trois mois post-op si tout se passe bien. Plus on s’habitue à la taille maximale, moins on a besoin d’utiliser les dilatateurs plus fins à chaque fois, pour finir par n’utiliser que les dilatateurs n°3 et n°4. Certaines personnes particulièrement à l’aise utilisent des sex toys plus larges que le n°4 pour continuer à élargir leur néo-vagin (inutile d’aller trop loin cependant, la largeur du n°4 suffit à l’introduction de beaucoup de choses : doigts, sex toys, pénis…).

Les dilatations peuvent être particulièrement désagréables, notamment s’il reste des poils dans l’ouverture vaginale ou le vagin. Mais selon la technique utilisée, le vagin peut être plus ou moins large après la vaginoplastie. Ainsi un vagin particulièrement étroit sera assez douloureux à élargir et les six premiers mois (en supposant qu’on arrive aux dernier dilatateur avant six mois). Pour certaines personnes, les dilatations sont presque agréables et pour d’autres, c’est une véritable torture. En règle générale, elles sont un moment difficile à passer mais après un an, elles deviennent une habitude et sont peu douloureuses si la récupération post-opératoire a été bonne.
Le lubrifiant à utiliser est un lubrifiant à base d’eau, sans parfum, tels que l’on peut trouver ici. La consommation de lubrifiant n’est pas négligeable les deux premières années quand on doit faire des dilatations quotidiennes et il faut en racheter assez fréquemment. Si l’on subit des complications post-opératoires, il est possible de dilater uniquement avec le dilatateur n°1 pour éviter de tirer sur des chairs qui peinent à se cicatriser.

Voir l’article approfondi sur les dilatations

Dilatateurs
Mon set de quatre dilatateurs, respectivement de 23 mm, 26 mm, 29 mm et 32 mm de diamètre. Ils sont gradués en pouces, 7 pouces équivalent à 18 cm environ. Le lubrifiant que j’utilise est à droite.

4. Le plaisir

Une vaginoplastie réussie c’est synonyme d’un néo-clitoris fonctionnel, de plaisir sexuel et d’orgasmes. D’après les témoignages disponibles, il est possible de ressentir du plaisir et d’avoir des orgasmes de quelques semaines à quelques mois après la chirurgie. Il est difficile de trouver des témoignages ciblés sur le plaisir sexuel de personnes ayant bénéficié d’une vaginoplastie réussie parce que peu de personnes témoignent sur cette partie intime et qu’il est difficile d’expliquer de quelle manière on ressent du plaisir. La plupart des personnes parlent d’un plaisir sexuel différent de celui obtenu avec un pénis et qu’il est nécessaire de réapprendre à se masturber en se redécouvrant au niveau de ses nouvelles zones érogènes. Les relations sexuelles doivent être appréhendées de façon différente et il préférable d’avoir une compagne ou un compagnon qui est capable d’accompagner cet apprentissage délicat.
Il ne faut pas oublier la prostate qui est conservée et le néo-vagin est très proche d’elle, ainsi l’emplacement du point G pour un vagin de naissance est remplacé par la prostate. Cette glande produit et stocke le liquide séminal (qui permet la lubrification para-urétrale) mais elle est aussi très sensible et peut mener à l’orgasme prostatique. À l’origine, la prostate est contre le rectum pour une anatomie mâle typique et peut mener à un orgasme prostatique par sa stimulation via la pénétration anale. Après une vaginoplastie, c’est la pénétration vaginale qui peut mener à l’orgasme prostatique si la prostate est assez stimulée. Un néo-clitoris ne dispose pas des bulbes vestibulaires (qui stimuleront le clitoris) d’un clitoris de naissance qui peuvent mener à l’orgasme par la pénération vaginale. Ainsi la prostate fait office de point G (même si techniquement c’est plutôt le point P) et la pénétration vaginale la stimule, ce qui stimule le reste de la vulve et par voie de conséquence le néo-clitoris. Mais, comme pour les personnes ayant une vulve de naissance, la pénétration vaginale est souvent beaucoup plus stimulante si le néo-clitoris est stimulé en même temps par masturbation.

Une vaginoplastie peut aboutir à un plaisir sexuel bancal ou même aucun avec un clitoris inerte. C’est le cas avec les chirurgiens les plus mauvais qui ne réussisent cet aspect qu’assez rarement. Il convient pour cela de très bien choisir son chirurgien pour ne choisir que les meilleurs mais même cela ne garantit pas à 100% d’obtenir une vulve qui a une sensibilité sexuelle satisfaisante. Rattraper une vaginoplastie qui n’est pas réussie est souvent encore plus difficile que de la réussir à la base, une retouche sur une néo-vulve qui présente des complications peut empirer la situation.
Quant à la responsabilité des chirurgiens, ils sont ravis de présenter les cas qu’ils ont réussi et ne mentionnent pas leurs échecs, ne prenant sur eux pour les réparer (en supposant qu’ils en soient capables) que très rarement. Les personnes ayant une vaginoplastie ratée sont condamnées à errer de médecin en médecin pour résoudre les problèmes les plus urgents (douleurs, incontinences, nécroses…) et avec peu d’espoir pour retrouver une sensibilité sexuelle digne de ce nom.

La question de la sensibilité du néo-clitoris et de sa capacité d’orgasme est intrinsèquement liée aux nerfs. Le gland du pénis forme ce néo-clitoris et celui-ci est relié aux nerfs périnéal et hémorroïdal par le nerf dorsal et ceux-ci sont reliés à la colonne vertébrale par le nerf pudendal. C’est donc le nerf dorsal qui est essentiel pour la sensibilité du néo-clitoris. Lors de la vaginoplastie, les nerfs sont coupés et sont remis en place de manière à ce qu’ils se reconnectent d’eux-mêmes dans les mois à venir. Une chirurgie réussie se traduit par une reconnection et une réparation des nerfs après quelques mois qui donnent une sensibilité au néo-clitoris mais aussi à la prostate et à toute la vulve.
Mais si les nerfs se reconnectent mal ou ne se reconnectent pas, suite à des problèmes lors de la vaginoplastie ou post-op, la sensibilité néo-clitoridienne sera dysfonctionnelle ou il arrive qu’elle n’existe pas. Il est intéressant de savoir que les nerfs des petites et des grandes lèvres proviennent des nerfs scrotaux et également, le cas échéant, des nerfs de la zone où une greffe de peau a été prélevée. La sensibilité de la prostate peut être de même affectée positivement ou négativement par une bonne ou une mauvaise reconnection des nerfs. Et concernant un plaisir sexuel dysfonctionnel, il peut exister plusieurs cas. Que ce soit une sensibilité bancale qui fonctionnera plus ou moins bien ou une hypersensibilité qui donnera un plaisir sexuel lié à une douleur, ce qui empêche le plaisir sexuel.

La question de la comparaison du plaisir entre un clitoris de naissance et un néo-clitoris est difficile à considérer car deux personnes ayant un clitoris de naissance n’auront pas le même rapport à leur plaisir sexuel comme deux personnes ayant un pénis de naissance. Par conséquent, comparer un clitoris de naissance et un néo-clitoris sur la question du plaisir sexuel est difficile par manque d’échelle de mesure et surtout de données concernant les personnes ayant bénéficié d’une vaginoplastie, car trop peu d’études médicales portent sur elles.
Par contre, la question de la satisfaction du plaisir sexuel après la vaginoplastie est extrêmement importante et on peut comparer avec le plaisir sexuel ressenti avant. Il existe quelques biais, notamment à cause du fait que certaines personnes transgenres n’utilisaient pas sexuellement leur sexe avant leur vaginoplastie ou avaient un blocage concernant leur plaisir sexuel. Mais c’est la comparaison intra-individuelle qui est la plus valide scientifiquement contrairement à la comparaison inter-individuelle. Une compilation du plaisir sexuel ressenti par un grand panel de personnes ayant bénéficié d’une vaginoplastie réussie pourra donner des résultats utilisables dans des études sur le sujet.

A. Différences entre un néo-clitoris et un clitoris

Schéma du néo-clitoris créé à partir du schéma ci-dessous avec la prostate à la place du corps caverneux, des bulbes du vestibules et des piliers du clitoris. J’ai également ajouté les nerfs pour leur localisation.


Schéma du clitoris de naissance typique

Avertissement : Tout ce que vous trouverez ici provient de mes connaissances et de mes tests empiriques (dont la validité est hypothétique). Les opérations chirurgicales sont différentes selon les chirurgiens et les patient·e·s. Les techniques de chirurgie évoluent sans cesse et il est nécessaire de se tenir informé·e si l’on souhaite en connaître tous les détails. Ne vous arrêtez pas à mes propos, comparez-les avec ce que vous trouverez ailleurs et surtout croisez les informations !

Concernant les termes utilisés, si vous êtes perdu·e, allez voir le lexique.